Conditions de Travail des Intérimaires Roumains dans l’Agriculture
Rémunération, temps de travail, sécurité, logement et droits sociaux
L’agriculture européenne repose en grande partie sur la main-d’œuvre saisonnière étrangère, notamment roumaine. En France, en Espagne, en Allemagne et en Italie, les travailleurs roumains représentent une part essentielle du personnel agricole, occupant des postes souvent boudés par la main-d’œuvre locale.
Si ces travailleurs sont indispensables à la productivité du secteur, leurs conditions de travail restent un sujet de débat. Rémunération, temps de travail, sécurité, logement et droits sociaux varient d’un pays à l’autre, et les défis restent nombreux.
Cet article fait un état des lieux des conditions de travail des intérimaires roumains en agriculture et des perspectives d’amélioration.
1. Une Rémunération Variable Selon les Pays et les Exploitations
La rémunération des travailleurs intérimaires roumains dans l’agriculture européenne est encadrée par la législation des pays d’accueil. Cependant, des écarts importants existent selon :
✔ Le pays d’accueil et son niveau de salaire minimum.
✔ Le type de culture et la saisonnalité.
✔ L’employeur et son respect des réglementations.
1.1. Comparaison des Salaires dans les Principaux Pays Accueillants
PaysSalaire minimum agricole brut (2024, €/h)Salaire réel des saisonniers (€/h)France 11,65 € 12 – 14 € selon la région et l’expérience Espagne 7,82 € 8 – 10 € selon les cultures Allemagne 12,41 € 12 – 13,50 € selon les missions Italie Variable selon les régions 7 – 10 €
En théorie, les intérimaires roumains doivent bénéficier du même salaire minimum que les travailleurs locaux. Toutefois, dans la pratique, des abus sont fréquents, notamment via :
✔ Des paiements en dessous du salaire légal via des agences intermédiaires.
✔ Des retenues abusives sur le salaire (logement, transport, frais divers).
✔ Des heures supplémentaires non rémunérées ou payées au noir.
Cas fréquent : Certains employeurs appliquent un salaire inférieur en déclarant uniquement une partie des heures travaillées.
2. Temps de Travail : Entre Flexibilité et Abus
Les travailleurs détachés roumains sont souvent amenés à travailler de longues heures, surtout pendant les périodes de récolte.
2.1. Durée du Travail Légale vs. Réalité
PaysDurée légale du travail (heures/semaine)Durée réelle pour les saisonniersFrance 35 h (jusqu’à 48 h max) 45 – 60 h en période de récolte Espagne 40 h (jusqu’à 50 h max) 50 – 60 h en moyenne Allemagne 40 h 50 h+ en haute saison Italie 39 h 45 – 55 h
Dans certaines exploitations, les travailleurs sont contraints de :
✔ Effectuer des journées de 10 à 12 heures, parfois sans jour de repos.
✔ Travailler dans des conditions physiques éprouvantes (chaleur, humidité, postures fatigantes).
✔ Ne pas être payés pour toutes leurs heures, faute de contrôle suffisant.
Conséquence : Une forte usure physique et une augmentation des risques d’accidents du travail.
3. Sécurité et Conditions de Travail : Un Secteur à Haut Risque
3.1. Des Conditions Physiques Exigeantes
Le travail agricole est pénible et exposé aux risques :
✔ Exposition aux intempéries (chaleur, froid, humidité).
✔ Port de charges lourdes et mouvements répétitifs.
✔ Manipulation de produits phytosanitaires (pesticides, engrais).
✔ Utilisation d’outils et machines agricoles.
3.2. Une Sécurité Variable Selon les Exploitations
Si certaines exploitations respectent les règles, d’autres :
✔ Fournissent peu d’équipements de protection (gants, masques, vêtements adaptés).
✔ Ne forment pas correctement les travailleurs aux risques.
✔ Ne déclarent pas les accidents du travail, privant ainsi les travailleurs de leurs droits.
Exemple : En Espagne, des cas de travailleurs intoxiqués par des pesticides non déclarés aux autorités ont été signalés.
4. Logement : Entre Hébergements Décents et Conditions Indignes
Les travailleurs intérimaires roumains logent souvent dans des hébergements fournis par l’employeur.
4.1. Types de Logements Proposés
✔ Maisons ou appartements loués par l’exploitant.
✔ Mobil-homes ou bungalows sur place.
✔ Dortoirs collectifs dans des fermes.
4.2. Problèmes Fréquents
✔ Surpopulation (chambres partagées à plusieurs).
✔ Insalubrité (absence de chauffage, d’eau chaude, mauvaise isolation).
✔ Coût élevé (loyers déduits du salaire à des tarifs abusifs).
Exemple : En France, certains saisonniers se retrouvent logés dans des conditions précaires, avec des lits superposés dans des hangars agricoles.
5. Droits Sociaux : Une Protection Insuffisante
5.1. Accès à la Sécurité Sociale et aux Allocations
En tant que travailleurs détachés, les intérimaires roumains doivent être couverts par :
✔ Le régime de sécurité sociale de leur pays d’origine.
✔ La législation sociale du pays d’accueil pour certaines prestations (accidents du travail, maladie).
5.2. Problèmes Courants
✔ Manque d’informations sur leurs droits.
✔ Cotisations non versées par certains employeurs.
✔ Accès difficile aux soins de santé (barrière linguistique, refus de prise en charge).
Conséquence : Beaucoup de travailleurs roumains ne bénéficient pas des indemnités chômage, des congés payés ou des soins médicaux adéquats.
6. Conclusion : Une Main-d’Œuvre Essentielle, Mais Fragilisée
Les intérimaires roumains sont indispensables à l’agriculture européenne, mais leurs conditions de travail restent précaires. Malgré les réglementations, des abus persistent :
✔ Salaires parfois inférieurs aux minima légaux.
✔ Temps de travail excessifs et conditions éprouvantes.
✔ Hébergements insalubres et peu d’accès aux droits sociaux.
6.1. Quelles Solutions pour Améliorer Leur Sort ?
✔ Renforcement des contrôles contre les fraudes et abus.
✔ Meilleure information des travailleurs sur leurs droits.
✔ Obligation de fournir des logements décents et conformes.
✔ Simplification de l’accès aux soins et à la protection sociale.
Sans ces améliorations, l’agriculture européenne risque de perdre cette main-d’œuvre essentielle, menaçant ainsi la productivité et la pérennité du secteur.